États-Unis

Le choix de Bernie

Malgré une lourde défaite lors des primaires de New York, mardi, l’empêchant quasiment de remporter l’investiture démocrate, Bernie Sanders refuse de jeter l’éponge. Le sénateur du Vermont a même promis de continuer à se battre « pour chaque vote, chaque délégué, parce que chacun est un énoncé de soutien pour les valeurs que nous partageons ». Survol des avantages et des inconvénients de sa ténacité avec deux experts de la politique américaine.

NOS EXPERTS

Christophe Cloutier 

Chercheur à l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l’Université du Québec à Montréal

Donald Cuccioletta 

Coauteur d’Elections made in USA avec John Parisella et chargé de cours en science politique à l’Université du Québec en Outaouais

Le prochain rendez-vous

Mardi prochain, cinq États, soit le Connecticut, le Delaware, le Maryland, la Pennsylvanie et le Rhode Island, se prononceront dans les courses à l’investiture démocrate et républicaine.

Parti démocrate

+ Empêcher un couronnement

« De longues primaires donnent de la légitimité à la candidature d’Hillary Clinton. On voit que ce n’est pas un couronnement dynastique », dit Christophe Cloutier.

- Lourd socialiste

« L’élite du Parti démocrate n’a jamais accepté qu’un candidat socialiste se rende aussi loin dans la course. Mais en même temps, ce qui est paradoxal, c’est que le parti a besoin de tous les nouveaux électeurs que Bernie Sanders mobilise. Ils devront lui trouver un rôle lors de la campagne présidentielle », dit Donald Cuccioletta.

Parti républicain

+ Diversion payante

« Tant qu’elle est occupée à rivaliser avec Bernie Sanders, Hillary Clinton n’a pas beaucoup de temps pour combattre Ted Cruz ou Donald Trump », affirme Christophe Cloutier.

- Attention médiatique divisée

« La lutte qui se poursuit va continuer d’attirer l’attention sur la course démocrate. Ça ne fait pas plaisir aux républicains », selon Donald Cuccioletta.

Bernie Sanders

+ FAIRE PASSER SON MESSAGE

« Il fait la promotion des enjeux qui sont chers à la gauche. En restant, il jouit d’une grande tribune. Il continue aussi à donner de l’espoir aux jeunes électeurs qui sont sensibles à son message », dit Christophe Cloutier.

« Depuis le début de sa campagne, il amène l’idée qu’un mouvement progressiste s’oppose au mode de gouvernance aux États-Unis et à la manière dont les élections ont lieu. Le 1 % le plus riche contrôle tout. Il veut continuer à faire entendre cette voix. À 74 ans, c’est pratiquement son dernier tour de piste », dit Donald Cuccioletta.

- DANGER DE CHUTE LIBRE

« Il y a une possibilité que sa ténacité se retourne contre lui. Mathématiquement, on sait maintenant qu’il ne peut pas gagner. Est-ce que les gens vont continuer à le suivre ou vont-ils se désintéresser de la course ? Le financement va-t-il continuer à rentrer ? S’il reste trop longtemps, il est possible que sa campagne finisse en queue de poisson », selon Christophe Cloutier.

Hillary Clinton 

+ Entraînement intensif

« Une longue course permet à Hillary Clinton de se réchauffer et de se préparer pour les élections de novembre. Elle paraît bien dans les débats et profite des faiblesses de Bernie Sanders, notamment en matière d’affaires étrangères, pour montrer qu’elle sait de quoi elle parle », dit Christophe Cloutier.

« La course à l’investiture permet à Hillary Clinton de continuer à répéter le même discours. Depuis les primaires de New York, elle a aussi commencé à courtiser l’électorat de Bernie Sanders. L’ex-sénatrice de l’État de New York fait valoir qu’il y a plus de choses qui unissent les partisans démocrates que de choses qui les séparent », selon Donald Cuccioletta.

- Des critiques acerbes

« Alors que la course continue, Hillary Clinton s’expose à de plus en plus de critiques. Il y a un risque qu’elle soit tellement démonisée par son rival que certains électeurs démocrates refusent de voter pour elle en novembre », dit Christophe Cloutier.

« Bernie Sanders est une roche dans le soulier d’Hillary. Le discours de M. Sanders lui nuit. Il va continuer de dire qu’elle est payée par Wall Street », affirme Donald Cuccioletta.

Plus populaire que jamais

Même s’il a perdu les primaires de New York, Bernie Sanders n’a jamais autant talonné Hillary Clinton dans les sondages nationaux demandant aux électeurs de tout acabit qui ils voudraient voir obtenir la candidature démocrate

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